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   Cher journal, j'écris ici les souvenirs d'un été que je souhaite ne jamais oublier. Les vacances avaient commencé depuis deux semaines quand Paul m'a invitée chez lui pour m'annoncer la nouvelle. Il avait reçu sa lettre d'admission à l'université qu'il convoitait: L'Université d'Economie de San Myshuno.
   A 5 heures de route d'Oasis, donc.

   Après quelques dizaines de secondes à me lamenter intérieurement, je me suis ressaisie et lui ait dit comme j'étais fière de lui en retenant mes larmes.

   J'avais trois choix, tenter de le retenir, me morfondre pendant deux mois, ou profiter à fond de nos dernières semaines ensemble. J'ai décidé de faire honneur à ma nouvelle philosophie, et Paul et moi avons rendu cet été inoubliable. Nous avons passé quasiment tout notre temps ensemble.
  On a passé des après-midi entières assis tous les deux sur un banc ou dans ma piscine, à se taquiner à longueur de journées.

   Quelques fois, on est allés au restaurant pour découvrir ensemble des saveurs aussi délicieuses qu'étranges.

   Le soir on allait parfois danser en discothèque, pour peu qu'on arrive à se décrocher l'un de l'autre.

   Une fois, nous sortions d'une discothèque dans une ville côtière, et nous sommes allés nous asseoir dans un coin où la vue était super. Paul a prit mes mains dans les siennes. "Tu pourrais venir avec moi si tu le veux."déclara-t-il.
  Je le voulais, mais j'avais le job dont je rêvais qui m'attendais à la fin de l'été, j'avais ma famille, j'avais Oliver qui restait dans le coin. Je le voulais mais je ne le voulait pas. C'est ce que je lui dit.

  Nous sommes restés collés l'un à l'autre tout le reste de la nuit, nous rendant compte au fur et à mesure que le croisement où nos chemins se sépareraient se rapprochait.

  Mais tant que nous avions du temps devant nous, nous étions déterminés à nous soutenir mutuellement sur cette dernière ligne droite. Ainsi, Paul venait s'entraîner au basket avec moi et je l'accompagnai à la bibliothèque pour l'aider à réviser.

   Et puis l'été s'est tiré sur sa fin. La veille de son départ, nous avons brûlé des bricoles pour rendre hommage à ces quelques semaines de bonheur intense.

   Quand la nuit se fit noire et que nous nous préparions à aller nous coucher, je l'ai dit. Peut-être était-ce futile, trop tard, peut-être que je n'aurais pas du, mais je le devais... "Je t'aime" lui ai-je murmuré. "Moi aussi Arya, tellement..." a t'il rétorqué.

   A la suite de quoi, nous nous sommes enlacés avec une passion inconnue jusque là, nous nous sommes aimés avec une ardeur à faire brûler les draps.

   Puis le soleil, cruel, s'est levé et nous l'avons suivi. Paul est sorti de ma maison, peut-être pour la dernière fois. "Ne m'oublie pas trop vite" ai-je demandé. "Impossible." promit-t-il.

   Alors qu'il se retournait pour partir, j'ai dévalé les marches pour le prendre dans mes bras. Juste le sentir encore une fois contre moi, juste le garder à mes côtés une seconde de plus.

   Nous avons échangé une partie de nos âmes, et une partie de lui restera toujours avec moi. Mais une partie n'est pas assez, et sans lui j'ai l'impression que l'oxygène fuit mes poumons, j'ai l'impression que la Terre dévie de son orbite. Sans lui l'eau coule de mes yeux en cascade et je ne sais pas comment m'arrêter de pleurer.

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   Cher journal, j'écrit ici une promesse que je me fait à moi-même, afin de me rappeler de la tenir, car j'ai lu ce livre incroyable sur le bonheur. Il y est écrit que nous sommes responsables de créer notre propre bonheur. Il m'a inspiré, et j'ai donc décidé qu'à partir de ce jour, je prendrais les choses en main.
  Le premier pas important qu'il m'a fallu franchir, fut de me débarrasser des secrets, et ainsi, de la culpabilité. Avec Paul, nous sommes donc allés voir Oliver pour avouer que nous voyions derrière son dos.

   Ce fut extrêmement difficile et gênant, d'autant plus qu'une femme inconnue était venue s'asseoir à notre table. Mais nous le fîmes. La première expression qui apparut sur son visage me donna l'impression que je devrais mettre mon plan à exécution et fuir aussi loin que mes jambes me porteraient.

   Mais je devais tenir ma résolution de créer du bonheur, alors je ne couru que pour le rattraper et arranger les choses.

   "Ça ne changes rien. C'est toujours ton frère, je suis toujours ta meilleure amie. On peut toujours traîner à trois, on peut toujours traîner tous les deux. Rien n'a changé." lui promis-je, avant de le prendre dans mes bras. Après quelques secondes, il me rendit mon étreinte. Le soulagement nous envahit de concert Paul et moi.

   Nous avons ensuite passé une après-midi à jouer dans la fontaine, ou à nager dans la source qui me sembla magique tant faire tomber ce poids m'avait allégée.

   Quand Paul ne regardait pas, Oliver me dit "Vraiment Arya, c'est bizarre: c'est mon frère et tu es comme ma sœur... Mais bon, je m'habituerais. Par contre, si tu lui brises le cœur, je sais pas si je pourrais te pardonner." Si je lui brisai le cœur, je ne sais pas si je pourrais me le pardonner non plus.

    Enfin, quand la journée toucha à sa fin, j'allai dire au revoir à Paul, et il me dit en souriant "Maintenant, on n'a plus à se cacher, on peut être un couple comme les autres, on pourrait même s'embrasser ici si on le voulait..." Et on s'embrassa sans se cacher pour la première fois.

   Nous nous sommes mit à rires comme des enfants. "A demain, petit ami" répliquai-je sans me départir de mon sourire.

   Oooh, cher journal, Je vais bien. Et j'ai tellement hâte d'être demain.

   Cher journal, j'écris ici un complément à ma dernière entrée. Cette philosophie a changé ma vie. Pendant ces derniers mois, depuis ce premier pas, pour peu que j'évite de m'attarder devant les miroirs ou de penser à mon p Arthur, je vis un rêve. Je suis heureuse tout le temps. Alors je continue à créer du bonheur.
   Je passe du temps avec ma famille.

   J'arrête de peindre des choses déprimantes.

  Et j'ai trouvé une raison de courir, autre que le besoin de fuir, je cours pour intégrer l'équipe départementale de basket. Mon professeur de sport dit que j'ai du potentiel et que si je m'entraînes, je pourrais rentrer dans le top des sportives du pays.
  Alors pour la première fois je cours vers un rêve plutôt que de fuir d'un cauchemar.

   Aujourd'hui est le premier jour du reste de ma vie, je viens de finir le lycée, ainsi que de fêter nos anniversaires à ma tante, ma cousine et moi.

   J'ai passé ma première soirée en tant qu'adulte en compagnie des 4 personnes qui comptent pour moi.

 Je vais super-méga-trop bien. Je suis réellement heureuse.

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   Cher journal, j'écris ici ce que je ne pourrai jamais dire à personne, car il faut que je le sorte avant que ça ne me dévore vivante. Il faut que je sorte ces 5 petits mots: Je ne vais pas bien.
   Pourtant quand ma famille me demande, je ne peux que feindre la joie et dire "Arrêtez de vous inquiéter, tout va bien, je me débrouille.."

   Quand ma tante Alicia et ma cousine Emma veulent savoir comment je vais, je voudrais tant pouvoir leur dire. Mais je devrais affronter la pitié dans leurs regards, et j'en suis incapable.

   Pourquoi est-ce que tout le monde veut parler de ce qui fait mal? Pourquoi tout le monde veut il que je leur parle de comment mon père a enfin fini par m'abandonner? Je dis "enfin" car depuis des années je lisais dans ses yeux le désir de fuir, la peur parfois, quand il me regardait.

   Pourtant même si je savais qu'il partirai, le coup dépassa ce à quoi je m’attendais. Et alors que je me sentais au plus bas, alors que je me sentais seule, que j'avais l'impression d'être déconnectée du monde. Alors que même peindre devenait déprimant...

  Paul a été là. Il est passé plusieurs fois à la maison. Il comprenait ma douleur, et ne me demandait pas de parler.

   Il me regardait, et soudain le monde semblait plus accueillant.

   Alors je me suis accrochée à lui comme à une bouée de sauvetage...

  Je cherches encore et encore à m'approcher toujours plus près de lui. Mais cette relation en menace une autre...

   Celle que j'ai avec Oliver.

   C'est mon meilleur ami, et chaque fois que je le vois, j'imagine comment il réagirai s'il savait ce qui se passe avec son frère jumeau. J'imagine qu'il nous juge, nous renie, nous hait pour ce que nous faisons.
  Et s'il ne peut pas me pardonner, je n'aurai pas d'autre choix que de courir, de partir et de ne jamais me retourner, d'autre choix que de fuir. De toute façon, c'est de famille, la fuite. Alors chaque jour je m'entraîne à courir car je sens que ce jour arrivera.

   Mais peu importe jusques où je courrais, car jamais je ne pourrai échapper à ce qui m'effraie le plus. L'impression de n'appartenir nul part, surtout pas dans mon propre corps.
  Chaque fois que je croise mon reflet dans un miroir, je crois que celui ci me ment. Ce corps ne peut pas être celui d'Arya. Arya est bleue. 

  Elle l'était, avant d'être mutilée par la même personne qui lui a donné la vie. Maintenant, je ne suis plus qu'une imposture se faisant appeler Arya en mémoire de la fille bleue qui habitait ici avant moi. 
Maintenant, je ne sais pas qui je suis, c'est comme si je n'étais personne.

  Alors non, je ne vais pas bien.

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